Date : ... au courant de l'Été 750 ...
Lieu : ... en plein cœur d'Apocalipsis ...

Ce qui restait de son serviteur dans la main, il n’avait que faire de ce qui venait d’avoir lieu. Le laquais reprenait peu à peu forme et l’emprise de l’unificateur n’était dès lors plus. Un genou au sol, l’Insalubre implorait silencieusement le pardon de son seigneur.

Il pensait l’avoir déçu.

Et même si un Hollow aussi puissant que lui pouvait exister, il n’en restait pas moins inférieur au Roi du Hueco Mundo. Craignant son courroux, tous redoutaient sa colère. Il n’en fut cependant rien. Une main vint se poser sur l’épaule du perdant – qui releva alors la tête – en amenant avec elle miséricorde et confiance.

Invitant le subordonné à prendre place à la même hauteur que son maître, elle vint par la même occasion frôler l’une des faramineuses cornes du Hollow. Les résidus d’une énergie sans pareil furent, pour ainsi dire, récoltées par le Pardonneur.

Et bien qu’au loin et perché sur une des innombrables structures cristallines du palais se tenait un individu masqué qui semblait rire du malheur de son semblable, l'entité n’y prêtait guère d’attention.

La marche de cette dernière débuta alors. Si elle avait réussi à réunir la plupart des monstruosités de la dimension sous son commandement, c’était bien pour une raison. Chacun de ses pas résonnait avec clarté au sein de son royaume, l’on pouvait l’entendre avec la même tonalité partout. Seule Heilig et ses environs proches pouvaient se targuer d’échapper à ce son. Et malgré l’absence de bruit de sa part là-bas, le Reiatsu du Vasto Lorde ne peinait pas le moins du monde à perturber le fonctionnement du Drangsal.

Son influence ne s’arrêtait pas là.

Il était un être qui dépassait assurément l’entendement. À chacun de ses déplacements, même minimes, des répercussions avaient lieu dans le Monde Humain. Les oiseaux migraient d’un pôle à un autre, des volcans en éruption se calmaient tandis que d’autres se réveillaient ; des guerres éclataient et d’autres se résolvaient. Certains jureraient avoir vécu des journées ne comptant pas vingt-quatre heures, tandis que d’autres affirmeraient avoir vu des montagnes s’écarter de leur chemin.

Il était unique et son peuple l’avait nommé Dios.

Sa récente route l’avait mené à des escaliers semblant ne jamais se terminer. Et si jusqu’ici ses agents pouvaient le suivre, même les Insalubres ne se sentaient pas d’aller plus loin. Leur instinct leur en interdisait. Plus la descente prenait de temps, plus le calme prenait en ampleur. Même l’écho des pas d’Ahriman n'émettait plus le moindre son dans le coin. Comme absorbé, il en était de même pour la lumière, les odeurs, et la moindre parcelle d’énergie spirituelle. Seule subsistait la fabuleuse énergie qu’il avait récupéré peu de temps avant. L’éclat de cette dernière représentait parfaitement ce dont était capable son propriétaire originel.

Après un long moment à évoluer dans ce semblant de dimension coupée du reste du monde, la vue de l’imposant Dios se posa sur une forme pour le moins inhabituelle : un cocon. Recevant une quantité astronomique d’âmes dans ses entrailles, il battait. Tel un cœur, il pompait avec allégresse le flux incessant qui lui parvenait.

Mais cela ne lui suffisait pas.

Celui qui ne servait personne se rapprocha alors de l’entité avant de déposer sa paume dessus. Un instant de réflexion plus tard, le Reiryoku divin s’agita. Sa proximité avec la coquille spirituelle le rendait extrêmement instable. Malgré ses efforts pour fuir son destin, elle finit par être accueillie – elle aussi – au même endroit que toutes les âmes détournées. Marmonnant quelques mots, le Vasto Lorde exprimait son attachement à son véritable but.

— Père de toute chose…

Une main autre que la sienne vint alors se placer sur le cocon qui cessait peu à peu de battre.

Date : ...au même moment…
Lieu : ...au sommet de la Montagne Divine…

Le Créateur et son protégé se voyaient, comme à l’accoutumée. À chaque entrevue, le sujet de la discussion était le même : l’avancement des plans de Dios. Le hollow avait su atteindre les sommets et faire plier une dimension à son bon vouloir et personne ne connaissait réellement sa puissance exacte. Personne à part celui qui l’avait mis au monde.

Le Roi des Âmes craignait sa venue. Ou du moins… son retour. Mitsuhide le savait et était prêt, d’après son maître. Mais cela n’allait définitivement pas suffir, à en croire les tremblements nerveux du Créateur. En pleine discussion, ils allaient devoir faire plus vite que prévu.

— Entraînes les de la même manière dont je t’ai entraîné.

Fronçant légèrement des sourcils, le Sotaicho se permit d’émettre quelques doutes à l’égard des paroles qu’il venait d’entendre.

— Êtes-vous bien sûrs de cela ?

La nervosité disparaissait et le commanditaire avait l’air d’avoir repris de l’assurance. Un moment de lucidité qui allait décider du destin des dimensions.

— Tes sujets n’ont que trop longtemps compté sur ta présence. Heureusement que personne n’est au courant de l’existence de ton frère, il serait fort possible qu’ils se soient laissés aller.

Un rictus aux lèvres, Mitsuhide acquiesçait. Il savait mieux que quiconque de quoi était capable le Tyran, celui qui lui ressemblait en tout point si ce n’était à un détail près : la couleur de cheveux.

— Il est vrai. Mais tout de même, sa puissance à elle seule ne suffirait-elle pas ?

D’un calme exemplaire, son père rétorqua aussitôt.

— La sienne peut-être pas. Mais la votre, probablement. Peu importe, rien ne doit être laissé au hasard. Fais de tes sujets les plus fidèles des âmes plus puissantes.

Tout semblait se passer pour le mieux. Le duo allait prendre de court le Roi du Hueco Mundo quand, imprévu en la frénésie du Tyran oblige, une impulsion traversant l’ensemble des dimensions se fit ressentir. La fabuleuse énergie du mastodonte shinigami avait servi aux plans de Dios. L’inconnu que l’on appelait hasard avait joué en la défaveur du Roi des Âmes.

La main posée sur le cocon fit que ce dernier se mit à se craqueler. Et bien qu’à des dimensions de distance l’un de l’autre, Dios et Mitsuhide laissèrent s’échapper quelques mots durant les mêmes secondes.

— Il arrive.

Et lorsque son contenu se trouva être en contact avec l’air libre, les signes de la fin de l’Univers tel que nous le connaissions apparurent partout ailleurs.
Dans le monde humain, des éruptions solaires se firent remarquer sur le Soleil entier et Yggdrasil commençait à montrer des signes de faiblesse en commençant à faner. Quelque chose sortait de l’astre enflammé d’ailleurs, cela ressemblait à s’y méprendre à un tentacule. Ou bien une queue. Dans la face cachée du centre du système solaire débutait un sinistre dessein inattendu.
Dans la Soul Society, une fissure terrestre scinda la dimension en deux depuis aussi loin qu’on puisse se rendre jusqu’aux portes du Seireitei. La suite était intangible. Il s’agissait d’une pression spirituelle uniquement ressentie par Mitsuhide et son maître. Elle était assez puissante pour les empêcher de penser ou de se mouvoir pendant un très court instant.
Dans le Hueco Mundo, et pour la première fois diraient tous les hollows, le Soleil faisait son apparition. Une pluie sortie de nulle part se mit à tomber un peu partout et de la végétation se mit à pousser au sein même du désert éternel. Le Drangsal fut tellement perturbé que la moitié des Heide responsables de son fonctionnement implosèrent sur le coup, causant panique et incompréhension dans les rangs Quincy (esclaves comme nobles).

Au sein de toutes les dimensions - hormis le Hueco Mundo -, le Soleil allait se coucher de plus en plus tôt et se lever de plus en plus tard. Et ce, jusqu’à ne plus montrer le moindre signe de vie.

Son réveil perturbait l’entièreté de la création. Et pour cause, elle l’appelait et exprimait à quel point il avait manqué à cet univers. Lui, “Le Père de toutes choses”.