La fortune venait d’amputer la Troisième Division de son chef. Inattendue, fatale, qui aurait pu penser qu’un Shinigami d’une telle trempe disparaisse sans que la Soul Society puisse l’avoir prévu. Sans tête, les membres frétillent, gesticulent et prennent des directions contraires, n’ayant plus de guide pour les mener. Plus aucun but commun, ni même d’unité. La mort a pris une âme, mais a également affaibli le Seireitei. Aucun Fukutaicho ne peut actuellement verser la méfiance qui s’installe. Désemparés, la peur conditionne nos soldats qui perdent la confiance dont ils ont fait preuve jusqu’à maintenant. Que ce soit chez les Érudits, les Avant-Gardes ou même les Gardiens, aucun Vice-Capitaine ne pourra porter à lui seul les inquiétudes des guerriers perdus par les tragiques évènements. Nous sommes aujourd’hui orphelins, sans autre lumière que celle du Sotaicho, majesté de ces murs. J’admets mon impuissance face à cette gangrène qui ronge nos rangs, mais également devant l’indécision de notre hiérarchie. Je sens leur confiance s’évaporer peu à peu, craignant une rébellion au sein de notre ordre. Qu’attendent-ils donc pour nous octroyer un nouveau leader, un éclaireur, qui puisse balayer qu’un coup de Zanpakutô toutes les incertitudes de nos hommes et raviver la flamme qui habitait alors leur cœur. Conscient que mes seuls bras ne pourront plus porter bien longtemps les vestiges du Sanbantai, l’urgence retentit à moins qu’ils n’attendent que le sang s’écoule pour réaliser l’état de crise.

Le moral des troupes est au plus bas. Notre dernière expédition me l’a montré sans équivoque. Leur volonté n’est plus la même depuis sa mort. Mes Érudits ne sont plus habités par la joie, l’envie, l’ardeur. Rien qu’au combat, leurs sabres s’émoussent et se percent tant l’esprit combattif les a quittés. En tant que Fukutaicho, je ne peux me permettre de laisser s’éterniser cette situation grotesque. Ô grand Yogen no Mitsuhide, que votre sagesse calme leurs âmes et que votre bonté récompense les œuvres de notre Division d’un nouveau guide. En effet, malgré leur frêle détermination, nos missions ne connaissent point l’échec et alimentent chaque jour les bases de données de notre organisation. C’est d’ailleurs, fier des échantillons récoltés par les miens que je tiens personnellement le rapport aux généraux de la Deuxième. Les Scientifiques travaillent de pairs avec nous autres, si bien que notre alliance étroite relie indéfectiblement nos deux groupes. À l’accoutumé, je ne fais que rarement le déplacement. Ce contexte particulier m’encourage à me rendre moi-même dans leurs quartiers, l’air de montrer que la Troisième reste forte, même lors d’une époque trouble.

Alors que les conclusions de notre expédition sont tirées, je ne peux m’empêcher de passer par l’académie, nostalgique. Il est vrai que plus de deux siècles sont passés depuis que mes pieds ont foulé son parquet. Un sourire s’esquisse sur mes lèvres, malgré moi. Je suis toujours attendri, calmé, revigoré par la vision de ses jeunes esprits fougueux aux yeux pleins de rêves et d’espoir. L’aigreur ne les a pas encore visités, ni même les déceptions que provoquent les mondes et les âmes qui l’habitent. Une fraîcheur qui nous a tous quitté, mais qui est toujours plaisante à voir. Cette motivation à toute épreuve est leur force, une force bien plus puissante que l’expérience acquise au fil de missions de Shinigamis. Leur ne sont pas encore ternis par l’obscure noirceur des esprits frappeurs, rongés par la haine, la malveillance, le pouvoir. Ils sont ici pour marchés sur les pas de leurs aînés, être de valeureux guerrier au service du noble Sotaicho.