Zénith

中天

▬ Soyez plus énergiques ! Si vous voulez devenir ne serait-ce que Ittōhei un jour et servir au mieux le Seireitei, vous devez être beaucoup plus sérieux ! Comment vous ferez face à un Hollow ?



Placé à l’écart du camp, en compagnie de tous ces émissaires. Toutes ces tuniques noires qui fourmillaient un peu partout. Une bonne trentaine, de la bleusaille comme je demeurais moi. Fraîchement diplômés ou ceux qui n’avaient encore jamais grimpés au-delà du statut de chair à canon. Mirettes qui balayèrent rapidement les environs tant les informations à assimiler étaient nombreuses. Petit coin. Plaine reculée du Seireitei. Entraînement de Dieu de la mort, les plus néophytes d’entre eux. Evènement supervisé par un Ittōhei prépondérant sur ce que nous étions tous pour l’instant.

Deux à deux. Partenaire amovible. Cimeterre contre cimeterre. Trancheuse d’âme qui s’entrechoqua avec celle d’un autre. L’outrepasser. Une ouverture, celle que j’avais tant espérée. Bloquer son tsuba avec la pointe de mon extension. Envoyer paître la lame de mon adversaire un peu plus loin, lui qui chuta, désarmer. On change, entendais-je. L’objectif était d’immobiliser, de désarmer. D’interdire la riposte à l’autre, l’annihiler et le soumettre à sa propre lame. Zanjutsu comme ils l’appelaient tous. Ou Kendo, en omettant l’aspect « spirituel » de l’enseignement.

En désarmer. Encore et encore. L’œil affuté de l’adjudant se focalisant ici. Obnubilé par cette pensée, rendu infatigable malgré les heures qui défilaient. Apprendre et m’exercer. Ici, l’exercice donc décharger tout ce que je pouvais décharger. Désarmer, envoyer paître, soumettre l’autre. Vis-à-vis qui défilait. Un fantasme conceptualisé, celui de finir cette journée sans ce sentiment d’impuissance, sans la défaite. En passe de soumettre aussi ce souhait, de le réaliser. Enième estoc. Enième fer qui s’envola. Séance levée, cohorte qui s’échappait petit à petit.



▬ Tu continues seul Kibutsuji ? T’es un forcené ! Bonne séance en tout cas



Simple geste de la main. Les voir s’en aller petit à petit. Encore ces mouvements de mon côté. Les répéter encore. Lame traversant le vide, déchirant l’air. Un son strident et net à chaque sillon de lame. Tailles exécutées avec de plus en plus d’aisance. Estocs avec de plus en plus de force. Gouttes de sueur qui perlaient sur mon front. Qui s’écoulaient sur chaque mèche de cheveux. Mon échine, mes bras. Effort important. Penser à répéter encore ces mouvements pour les assimiler. Pour en faire quelque chose de naturel dorénavant.

Comme un réflexe. Comme une extension. C’est cela : faire de ce trancheur d’âme la propre extension de ma main, de mon bras. Développer une telle aisance à son maniement qu’il serait impossible pour quiconque de rivaliser. Doux rêves occupant mes pensées tandis que mon corps s’acharnait. Bientôt des heures que je me trouvais ici, encore sur feu ce campement. Les mêmes mouvements, la même posture, gestuelle. Poils qui se hérissèrent soudainement, une taille exécutée qui ne put finir son sillon, stoppant net mes mouvements.

Me redresser petit à petit, mirettes qui essayaient de le desceller.

▬ Qui est là ?



Présence remarqué à coup sûr. Seulement, dans l’impossibilité de dire où elle se trouvait exactement, si ce n’est autour. Qui était-ce ?

Zénith

中天

Dans un état d’hébétude. Interrompu dans ce marasme d’exercice par un bruissement. Les yeux exorbités, balayant les environs tout en essayant de dévorer cette simple d’un simple contact visuel. Silence qui pesait. Et pourtant, doté d’une bonne perception, à m’en faire frémir la peau, les poils qui se hérissent. À croire qu’il voulait volontairement se préserver, se cacher du flair. Me prédater, peut-être. Concentration, à fleur de peau, sembler identifier une forme humanoïde. Masse qui jonchait le paysage, qui donnait l’impression de pouvoir disparaître.

Un ennemi ? Une proie ? Les sens alertes. Poigne qui se referma sur le tsuka. La faire craquer. Silhouette qui rompt la distance. Qui se mit à ma portée. Existence avérée, mais pas des moindres, mirettes dures qui s’étaient attendries. Quand je l’entendis parler, quand je l’avais identifié. Ichiryû. Tokugawa Ichiryû. Ancien comparse à l’Académie. Epoque où je sillonnais encore ces longs couloirs. Que je passais mon temps à lire, griffonner, m’exercer. Du moins, sous ce statut d’étudiant. Quelques années maintenant.

Ne pas changer, le faire encore, cette fois sous l’instance de Chiebukuro. « Professeur » disaient-ils. Regarde qui s’adoucit alors, relâcher la pression sur ce cimeterre. Sortir de cette distance et amorcer une approche, n’ayant de visé que celle de revoir une vieille connaissance. Risette qui naquit naturellement.

▬ Ichiryu-san ? Ça alors ! Ça doit faire depuis l’Académie hein… Qu’on ne s’était pas vu, pas vrai ? Héhé. J’étais à deux doigts de te bondir dessus, je n’ai pas reconnu ta présence. Et bien… Je suis de la Nibantai maintenant, à Chiebukuro.



Sourire sincère. Camarade de longue date. Pratiquement toutes nos classes ensembles. Sûrement aux antipodes l’un de l’autre, idiosyncrasie qui diffère de la sienne. Rigueur l’un, oisiveté l’autre. Sans aucun doute ces années ensembles, fer du lien de respect que nos avions l’un pour l’autre. Pour l’heure, poser cette lame contre mon épaule, essuyant mon front perlant de sueur de ma manche.



▬ Et qu’est-ce que tu deviens, toi ? Je paris que tu es de la Ichibantai, hein ? Tes habitudes de petites fouines à l’époque t’ont servis. Héhé.



Risette moqueuse comme pour le piquer. Longtemps que je ne l’avais pas vu. Que nos fers ne s’étaient plus croisés comme à l’époque. Nous avions du temps à rattraper.